Festival futur sans drogue

Le programme « Les voix de l’espoir » initié en janvier 2003 a permis le
perfectionnement de la formation des écoutants des services de téléphonie
sociale afin d’accompagner le plus efficacement possible les adolescents
confrontés à la drogue et leurs familles, et de mettre en relation
différents intervenants qui ne se connaissaient pas et n’auraient eu que peu
de chances de se rencontrer dans un contexte favorable à une coopération
sans notre action.
Ce projet a remporté un réel succès et de par sa forme qui propose, entre
autres, la formation de formateurs, a un effet multiplicateur. Il pourrait
être adapté et transposé à d’autres pays de la CEI, et avant tout à l’
Ukraine.
Grâce à ce programme, une véritable synergie de coopération entre les
représentants de la police, de la justice et la société civile s’est
établie. Au-delà des objectifs initiaux du projet, les Voix de l’Espoir ont
initié un dialogue pour l’amélioration de la réponse apportée aux jeunes
victimes de la drogue, notamment au stade de l’adolescence. De nombreuses
demandes d’actions complémentaires ont émergé auxquelles nous avons pu
partiellment et modestement répondre grâce à un financement complémentaire
de la Mildt (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la
toxicomanie).

Une demande urgente a retenu notre attention.

*        L’information sur les risques liés à l’usage de stupéfiants en
direction des enfants et des adolescents, et la prévention de la toxicomanie
lors de l’organisation d’une exposition itinérante pour présenter dans les
villes de la région l’action des associations et des institutions engagées
dans la lutte contre la drogue et la prévention de la toxicomanie.

1. Contexte

Située au cœur de la Fédération de Russie, la région de Sverdlovsk avec plus
de 5 millions d’habitants est la cinquième plus importante région de Russie.
Ekatérinbourg est la troisième ville de Russie et elle est le centre
administratif et financier de la région. Fondée en 1722, elle compte plus de
1,5 millions d’habitants.
Les conditions politiques et économiques sont stables. Les autorités
politiques ont fait preuve depuis la fin de l’époque soviétique d’une grande
ouverture vers l’étranger pour importer technologies et savoir-faire.
Sur le plan social, la région et la ville n’ont pas été épargnées par la
récession qui a suivi la chute de l’URSS. De nombreuses usines du complexe
militaro industriel, principal employeur sous l’ère soviétique, ont fermé
laissant des milliers de personnes sans emploi et dépourvues de couverture
sociale.
La région souffre aussi de nombreux problèmes écologiques liés aux
industries chimiques et au complexe militaro industriel. La région de
Sverdlovsk est malheureusement une des plus polluées de Russie. De
nombreuses pathologies découlent de cette situation : Problèmes
respiratoires, mortalité infantile, malformations, intoxications diverses.
Le désarroi moral qui a suivi la désagrégation de l’URSS allié à la crise
sociale dans cette région très active mais isolée car fermée aux étrangers
durant l’époque soviétique, a favorisé les consommations de drogues. D’
autant plus que les produits toxiques ont été très largement offerts aux
jeunes acheteurs, très peu avertis, en raison de la place traditionnelle de
transit entre l’Asie centrale (l’Afghanistan et le Tadjikistan notamment) et
la Sibérie et l’Europe que joue la région ouralienne.
D’après les statistiques de la Fondation de Charité Publique « Le
Rubikon », la région de Sverdlovsk était en 1998 la première pour le nombre
de drogués en Russie. Dans les faits, la région était de plus en plus
menacée, selon le Ministère de l’intérieur. 60% des adolescents avaient déjà
essayé différents types de drogues, 10% souhaitaient essayer et 26% étaient
des utilisateurs habituels. De plus, 42% des adolescents de la région de
Sverdlovsk disaient qu’il n’y a aucun problème pour se procurer de la drogue
et 33% parmi eux connaissaient les endroits où s’en  procurer.
En raison, des difficultés budgétaires de la période de transition, les
autorités ont mis du temps à réagir du point de vue d’une prévention
cohérente. La tâche a été assurée tant bien que mal par des initiatives
associatives ou privées plus ou moins appuyées par les collectivités locales
pour informer, prévenir et soigner. C’est le cas des téléphonies d’urgence
d’information et de formation des adolescents et des centres de toxicologies
que nous avons choisi d’aider par un échange d’expériences et de
spécialistes formateurs.
Les autorités s’impliquent maintenant davantage et notre programme est
bien accueilli. Avec le recul des années et l’amélioration de la situation
économique, notre action peut être considérée comme le petit coup de pouce
initiateur qui aura sans doute fait gagner beaucoup de temps et permis d’
éviter pas mal d’erreurs.

L’augmentation du nombre de jeunes en détresse avaient conduit l’UFSI
et les autres services téléphoniques à rechercher des programme de formation
pour leurs écoutants et les superviseurs, afin d’améliorer leurs compétences
et donc de répondre au mieux aux questions de ces adolescents confrontés à
la drogue. Le programme de formation a permis aux écoutants d’accompagner
les adolescents le plus efficacement possible et de lutter contre « l’usure
psychologique » (burn out) des consultants grâce à la rencontre d’autres
collègues confrontés aux mêmes sollicitations lourdes dans leur pratique
professionnelle ou bénévole. Aujourd’hui,  l’équipe du Téléphone de la
Confiance est non seulement plus compétente mais aussi plus autonome et peut
compter sur ses propres capacités.

Les services de police et de justice se sont aussi trouvés associés au
programme. Invités à participer aux différentes conférences organisées à
Ekaterinbourg, les représentants ont montré un fort intérêt pour l’
expérience française en matière de programmes gouvernementaux de lutte
contre la drogue ainsi que pour l’organisation des institutions de veille,
d’information et de recherche sur le phénomène de la drogue.

La faculté de droit d’Ekaterinbourg a aussi été associée au programme.
Les spécialistes réfléchissent avec les experts français sur les apports
possibles de l’expérience française. Les étudiants en droit se sont engagés
à faire des consultations juridiques gratuites pour aider les téléphonies.

Bien sûr des établissements d’enseignement secondaires et un centre de
toxicologie ont aussi participent aussi au programme.

De l’existence de ces partenariats et compte tenu des demandes et des
besoins, est né le projet « Journées Portes Ouverte pour un Futur sans
drogue ». L’objectif était d’apporter aux enfants et aux adolescents d’
Ekaterinbourg et de sa région puis d’autres régions et pays, une information
adaptée face aux problèmes liés à la drogue.
Pendant ces journées, qui se sont déroulées sur trois jours en mai 2005
dans le grand Palais de la jeunesse d’Ekaterinbourg, les différents acteurs
et partenaires de la lutte contre la drogue et de la prévention de la
toxicomanie ont présenté leurs actions aux plus jeunes de toutes conditions
sociales et au grand public.
Les services de téléphonies ont pu se faire connaître, les
représentants de la police et de la justice ont informé assez adroitement
avec des stands attirants et bien faits sur les conséquences légales de la
consommation et de la vente de drogue, les établissements médicaux ont pu
non seulement se faire connaître (ce qui n’était pas le cas) mais aussi de
présenter les conséquences physiques de la dépendance aux drogues et les
traitements proposés pour en sortir. Au total, une cinquantaine de stands
ont accueilli les visiteurs, estimés à quelque 5.000 (l’entrée était libre)
sur 3 jours.
Des sessions de formations de divers intervenants ont été organisées en
marge des journées et des conférences pluridisciplinaires ont attiré une
audience très nombreuse.

Pour présenter les méthodes de prise en charge des drogués en France,
des spécialistes français ont participé à ces journées et aux conférences.
Pour l’accompagnement psychologique : Mme Isabelle de Kochko,
psychologue-psychothérapeute, spécialiste de l’adolescence, expert du projet
pour la formation des écoutants des téléphonies sociales, pour l’
addictologie et l’explication des programmes méthadone et un médecin
toxicologue de l’hôpital de Pau (centre hospitalier des Pyrénées), le Dr
Emmanuel Augereau, pour le traitement social, M. Christian Laine, Directeur
du Groupe Associatif Réalise et de l’Association Béarn-Toxicomanie qui
s’occupe notamment de réhabilitation des toxicomanes.

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